L’efficacité de la musicothérapie en oncologie, en soinspalliatifs et chez le prématuré

Ute Eppinger

19 août 2025

Le tango peut améliorer les symptômes de la maladie de Parkinson, le chant choral peut réduire les symptômes dépressifs chez les personnes atteintes de démence, les interventions de musicothérapie peuvent améliorer les troubles du langage après un AVC. Pour soulager les maladies psychiques et physiques, de nombreux établissements hospitaliers en Allemagne ont recours à la musicothérapie. Son efficacité est démontrée par des données solides, comme l’a expliqué le Dr Lutz Neugebauer lors d’une conférence de presse en ligne à l’entame du 13e Congrès européen de musicothérapie Bridges.

La musicothérapie à l’épreuve des essais cliniques

Lutz Neugebauer, président du conseil d’administration de la Société allemande de musicothérapie (DMtG) et directeur du centre Nordoff-Robbins de Witten, a précisé que depuis le dernier congrès international de musicothérapie organisé en Allemagne en 1996, près de 9 000 articles spécialisés sur la musicothérapie ont été rapportés par PubMed, dont 1500 études contrôlées et randomisées (RCT) ainsi que 360 revues systématiques avec méta-analyses.

Les résultats soutiennent tout particulièrement la musicothérapie et la danse-thérapie Sabine Koch

En Allemagne, la recommandation sur les démences (S3-Guideline Demenzen) préconise également la musicothérapie pour le traitement de symptômes psychiques tels que l’anxiété, l’agitation et l’apathie. Ainsi, par exemple, la musicothérapie est mentionnée dans 37 recommandations de l’AWMF (l’association allemande des sociétés médico-scientifiques), dont 29 de niveau S3.

Sabine Koch, professeure de recherche empirique en thérapies artistiques à l’université Alanus d’Alfter, parle, elle aussi, d’une « impressionnante quantité de preuves. » Elle a donné un aperçu des pathologies pour lesquelles la musicothérapie constitue un complément précieux à la psychothérapie ou aux traitements médicamenteux, ainsi que de son efficacité réelle.

Les effets des thérapies artistiques ont été examinés dans une méta-analyse récente, qui prenait en compte 150 revues systématiques portant sur 3 885 RCT. « Les résultats soutiennent tout particulièrement la musicothérapie et la danse-thérapie », explique Sabine Koch.

Les auteurs de cette étude ont trouvé un effet global faible à modéré pour les maladies neurologiques (différence moyenne standardisée [DMS] : 0,40 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,30-0,50), et des effets modérés pour le cancer (DMS : 0,52), les maladies cardiovasculaires (DMS : 0,52), les troubles psychiques (DMS : 0,53) et les maladies chroniques des voies respiratoires (DMS : 0,76). Ils soulignent que la plupart des revues présentaient une faible qualité méthodologique, et concluent que les interventions artistiques « peuvent constituer un complément précieux aux traitements habituels de première intention. »

Une efficacité sur la douleur

L’utilisation de la musicothérapie dans la douleur chronique ainsi que dans la douleur aiguë liée au cancer a été particulièrement bien étudiée et éprouvée. « Son efficacité est globalement comparable à celle des opioïdes, mais sans effets secondaires indésirables », précise Sabine Koch. La musicothérapie améliore aussi le sommeil et atténue la fatigue, l’anxiété et la dépression.

La musicothérapie est le traitement de premier choix dans tous les cas où le langage atteint ses limites Lutz Neugebauer

Des effets positifs chez les nouveau-nés et les prématurés

Chez les nouveau-nés, la musicothérapie améliore la saturation sanguine en oxygène, la fréquence cardiaque et respiratoire, la durée du sommeil, la température corporelle, ainsi que la pression artérielle systolique et diastolique. Chez les prématurés, elle exerce des effets positifs sur l’activité cérébrales. Chez les prématurés, les interventions musicothérapies ont également un effet positif sur les taux cardiaques et respiratoires, sur la pression artérielle et les niveaux de douleur, augmentent la saturation en oxygène et la durée de vie du sommeil, même pendant le sommeil «Elles aident ces enfants à réduire leur stress et à se rétablir », commente Sabine Koch.

Lutz Neugebauer souligne que la musicothérapie renforce également le lien entre les parents et l’enfant prématuré, ce qui constitue « l’un des indicateurs essentiels pour un meilleur développement après un début de vie difficile ». La musicothérapie favorise le développement du langage chez les enfants présentant un retard de développement. « Elle est particulièrement efficace aussi chez les adolescents ou jeunes adultes ayant vécu des expériences traumatisantes liées à la violence familiale, à la fuite ou à la guerre », ajoute le président de la DMtG. La musicothérapie ouvre des portes au-delà de la langue maternelle et surmonte les barrières linguistiques. D’une manière générale, selon Lutz Neugebauer, la musicothérapie est le traitement de premier choix dans tous les cas où le langage atteint ses limites – notamment chez les personnes présentant un handicap sur ce plan.

La musicothérapie est aussi efficace que la thérapie comportementale dans les cas de cancer Sabine Koch

Réduction de l’anxiété et de l’état dépressif en cas de cancer ou en soins palliatifs

Chez les patients atteints d'un cancer, la musicothérapie atténue les états d’anxiété, la dépression, la douleur, la fatigue, la fréquence cardiaque et la pression artérielle, rapporte Sabine Koch. L’effet est important et significatif, a-t-elle insisté, ajoutant que « la musicothérapie est aussi efficace que la thérapie comportementale dans les cas de cancer. »

La musicothérapie est également utile en soins palliatifs, en favorisant la relaxation et en réduisant la fatigue. « C’est un traitement efficace et avec un taux faible d’abandons pour améliorer le bien-être des personnes en phase terminale », résume Sabine Koch. « En termes de réduction des symptômes dépressifs et anxieux, son efficacité est souvent équivalente à celle de la thérapie cognitivo-comportementale. »

Quid de l’ambulatoire?

La musicothérapie fait actuellement partie des approches thérapeutiques éprouvées dans les établissements hospitaliers – notamment pour les troubles anxieux, les dépressions, les dépendances, ou encore les conséquences de la solitude et de l’isolement, a souligné Lutz Neugebauer. En ambulatoire cependant, elle n’est pas remboursée par la sécurité sociale en France, mais au moins partiellement par certaines mutuelles. « Cela doit absolument changer, notamment au regard des groupes vulnérables qui dépendent particulièrement de cette forme de thérapie », estime le spécialiste, qui ajoute qu’en Allemagne (et ce n’est guère mieux en France), « malgré les preuves scientifiques et les expériences pratiques positives, les revendications en faveur d’une reconnaissance de la musicothérapie comme prestation de droit commun en ambulatoire n’ont jusqu’à présent pas été prises en compte par le monde politique. »

En conséquence et à quelques exceptions près, seules les personnes financièrement favorisées peuvent se permettre des séances de musicothérapie. « Un système de santé dont le principe directeur est “l’ambulatoire avant l’hospitalisation” doit garantir l’accès à la musicothérapie en soins ambulatoires pour tous, et permettre sa prise en charge par les caisses d’assurance maladie », estime encore Lutz Neugebauer.

Cet article a été traduit de Medscape.de

Suivez Medscape en français sur Bluesky, Facebook, Instagram, Linkedin, Youtube.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape: sélectionnez vos choix

LIENS

Quiz : médecine et musique

STROKESTRA : un programme de réadaptation post-AVC proposé par un orchestre de renommée mondiale La musique améliore la qualité de vie des patients souffrant de démence

Bienfaits de la musique en post-infarctus

Ecouter de la musique serait associé à une meilleure humeur et à moins de stress en période de crise

Crédit de Une : Dreamstime

Actualités Medscape © 2025 WebMD, LLC

Citer cet article: L’efficacité de la musicothérapie en oncologie, en soins palliatifs et chez le prématuré - Medscape

19 août 2025.