Thèses médicales

Bienfaits de la musique en post-infarctus

Aude Lecrubier

10 avril 2020

Etats-Unis—Une nouvelle étude confirme la musique serait bonne pour le cœur. Les résultats présentés
« virtuellement » lors du congrès de l'American College of Cardiology 2020 [1] suggèrent qu’après un infarctus, écouter quotidiennement de la musique pendant 7 ans permettrait de réduire les symptômes d’angor et aider à prévenir les événements cardiaques.

En tout, l’équipe de chercheurs serbes a recruté 350 patients avec un angor post-infarctus précoce dans un centre médical en Serbie. Les participants ont été randomisés pour recevoir soit un traitement standard soit des séances de musique régulières en plus du traitement classique. Pour la plupart des patients, le traitement standard consistait en divers médicaments : dérivés nitrés, aspirine, anticoagulants, bêtabloquants, statines, inhibiteurs des canaux calciques, antihypertenseurs et ranolazine.

Pas n’importe qu’elle musique

Les patients du bras musicothérapie ont d'abord subi un test pour déterminer le genre musical auquel leur corps était susceptible de répondre positivement. Pour cela, les participants ont écouté neuf passages musicaux de 30 secondes et déterminé ceux qu'ils jugeaient apaisants. Pendant ce temps, les chercheurs ont évalué pour chaque participant les réponses automatiques et involontaires du corps en s’appuyant sur la dilatation ou le rétrécissement des pupilles. Les chercheurs ont ensuite affiné la sélection en travaillant avec le patient pour déterminer les meilleurs rythmes et tonalités musicales.

Les participants ont été invités à écouter leur sélection musicale pendant 30 minutes chaque jour plutôt assis et idéalement en se reposant les yeux fermés.

Les patients ont continué les séances d'écoute quotidiennes pendant sept ans, documentant leurs séances dans un journal. Ils ont été suivis tous les trois mois au centre de recrutement pendant la première année et tous les ans par la suite.

Moins d’anxiété, de douleur et d’événements cardiaques

Au bout de sept ans, la musicothérapie s'est révélée plus efficace que le traitement standard seul en termes de réduction de l'anxiété et de la douleur.

En moyenne, les patients ayant bénéficié de la musicothérapie avaient des scores d'anxiété inférieurs d'un tiers à ceux qui avaient reçu le traitement standard seul et ont signalé 25 % de symptômes d'angor inférieurs en moins

Nous pensons que la musicothérapie peut aider tous les patients après un infarctus. Pr Predrag Mitrovic

Ces patients avaient également des taux significativement plus bas d’événements cardiaques, dont une réduction de 18% du taux d'insuffisance cardiaque; de -23% des récidives d’d’IDM; de -20% des pontages; et de -16% de la mortalité cardiaque.

« Il y a eu très peu d'études analysant les effets de la musique sur les maladies cardiaques. D’après nos résultats, nous pensons que la musicothérapie peut aider tous les patients après un infarctus et pas seulement les patients atteints d'angor post-infarctus précoce. En outre, elle est très facile à mettre en place et peu coûteuse », a déclaré le Pr Predrag Mitrovic, cardiologue à l'École de médecine de l'Université de Belgrade et auteur principal de l’étude dans un communiqué[1]

Quel mécanisme d’action ?

Interrogé sur le possible mécanisme d’action impliqué, le Pr Mitrovic a indiqué que la musique pouvait fonctionner en contrant l'activité du système nerveux sympathique face à une situation stressante. Parce qu'elle augmente la fréquence cardiaque et la pression artérielle, une réponse sympathique peut mettre une pression supplémentaire sur le système cardiovasculaire.

« L'anxiété non soulagée peut entraîner une augmentation de l'activité du système nerveux sympathique et une augmentation de la charge de travail cardiaque », a-t-il précisé.

Selon lui, des sessions régulières d'écoute musicale pourraient interrompre cette cascade d'événements en réduisant l'anxiété associée à l’angor après un infarctus.

Forts de ces résultats, les chercheurs prévoient d'analyser les données pour déterminer si la musicothérapie bénéficie spécialement à certains sous-groupes de patients, en fonction de l’âge ou de certaines comorbidités comme le diabète, par exemple.

LIENS

Références

  1. ACC.20. Communiqué : Music as Medicine? 30 Minutes a Day Shows Benefits After

Heart Attack 18 mars 2020 Actualités Medscape © 2020 WebMD, LLC
Citer cet article: Bienfaits de la musique en post-infarctus - Medscape - 10 avr 2020.

L’efficacité de la musicothérapie en oncologie, en soinspalliatifs et chez le prématuré

Ute Eppinger

19 août 2025

Le tango peut améliorer les symptômes de la maladie de Parkinson, le chant choral peut réduire les symptômes dépressifs chez les personnes atteintes de démence, les interventions de musicothérapie peuvent améliorer les troubles du langage après un AVC. Pour soulager les maladies psychiques et physiques, de nombreux établissements hospitaliers en Allemagne ont recours à la musicothérapie. Son efficacité est démontrée par des données solides, comme l’a expliqué le Dr Lutz Neugebauer lors d’une conférence de presse en ligne à l’entame du 13e Congrès européen de musicothérapie Bridges.

La musicothérapie à l’épreuve des essais cliniques

Lutz Neugebauer, président du conseil d’administration de la Société allemande de musicothérapie (DMtG) et directeur du centre Nordoff-Robbins de Witten, a précisé que depuis le dernier congrès international de musicothérapie organisé en Allemagne en 1996, près de 9 000 articles spécialisés sur la musicothérapie ont été rapportés par PubMed, dont 1500 études contrôlées et randomisées (RCT) ainsi que 360 revues systématiques avec méta-analyses.

Les résultats soutiennent tout particulièrement la musicothérapie et la danse-thérapie Sabine Koch

En Allemagne, la recommandation sur les démences (S3-Guideline Demenzen) préconise également la musicothérapie pour le traitement de symptômes psychiques tels que l’anxiété, l’agitation et l’apathie. Ainsi, par exemple, la musicothérapie est mentionnée dans 37 recommandations de l’AWMF (l’association allemande des sociétés médico-scientifiques), dont 29 de niveau S3.

Sabine Koch, professeure de recherche empirique en thérapies artistiques à l’université Alanus d’Alfter, parle, elle aussi, d’une « impressionnante quantité de preuves. » Elle a donné un aperçu des pathologies pour lesquelles la musicothérapie constitue un complément précieux à la psychothérapie ou aux traitements médicamenteux, ainsi que de son efficacité réelle.

Les effets des thérapies artistiques ont été examinés dans une méta-analyse récente, qui prenait en compte 150 revues systématiques portant sur 3 885 RCT. « Les résultats soutiennent tout particulièrement la musicothérapie et la danse-thérapie », explique Sabine Koch.

Les auteurs de cette étude ont trouvé un effet global faible à modéré pour les maladies neurologiques (différence moyenne standardisée [DMS] : 0,40 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,30-0,50), et des effets modérés pour le cancer (DMS : 0,52), les maladies cardiovasculaires (DMS : 0,52), les troubles psychiques (DMS : 0,53) et les maladies chroniques des voies respiratoires (DMS : 0,76). Ils soulignent que la plupart des revues présentaient une faible qualité méthodologique, et concluent que les interventions artistiques « peuvent constituer un complément précieux aux traitements habituels de première intention. »

Une efficacité sur la douleur

L’utilisation de la musicothérapie dans la douleur chronique ainsi que dans la douleur aiguë liée au cancer a été particulièrement bien étudiée et éprouvée. « Son efficacité est globalement comparable à celle des opioïdes, mais sans effets secondaires indésirables », précise Sabine Koch. La musicothérapie améliore aussi le sommeil et atténue la fatigue, l’anxiété et la dépression.

La musicothérapie est le traitement de premier choix dans tous les cas où le langage atteint ses limites Lutz Neugebauer

Des effets positifs chez les nouveau-nés et les prématurés

Chez les nouveau-nés, la musicothérapie améliore la saturation sanguine en oxygène, la fréquence cardiaque et respiratoire, la durée du sommeil, la température corporelle, ainsi que la pression artérielle systolique et diastolique. Chez les prématurés, elle exerce des effets positifs sur l’activité cérébrales. Chez les prématurés, les interventions musicothérapies ont également un effet positif sur les taux cardiaques et respiratoires, sur la pression artérielle et les niveaux de douleur, augmentent la saturation en oxygène et la durée de vie du sommeil, même pendant le sommeil «Elles aident ces enfants à réduire leur stress et à se rétablir », commente Sabine Koch.

Lutz Neugebauer souligne que la musicothérapie renforce également le lien entre les parents et l’enfant prématuré, ce qui constitue « l’un des indicateurs essentiels pour un meilleur développement après un début de vie difficile ». La musicothérapie favorise le développement du langage chez les enfants présentant un retard de développement. « Elle est particulièrement efficace aussi chez les adolescents ou jeunes adultes ayant vécu des expériences traumatisantes liées à la violence familiale, à la fuite ou à la guerre », ajoute le président de la DMtG. La musicothérapie ouvre des portes au-delà de la langue maternelle et surmonte les barrières linguistiques. D’une manière générale, selon Lutz Neugebauer, la musicothérapie est le traitement de premier choix dans tous les cas où le langage atteint ses limites – notamment chez les personnes présentant un handicap sur ce plan.

La musicothérapie est aussi efficace que la thérapie comportementale dans les cas de cancer Sabine Koch

Réduction de l’anxiété et de l’état dépressif en cas de cancer ou en soins palliatifs

Chez les patients atteints d'un cancer, la musicothérapie atténue les états d’anxiété, la dépression, la douleur, la fatigue, la fréquence cardiaque et la pression artérielle, rapporte Sabine Koch. L’effet est important et significatif, a-t-elle insisté, ajoutant que « la musicothérapie est aussi efficace que la thérapie comportementale dans les cas de cancer. »

La musicothérapie est également utile en soins palliatifs, en favorisant la relaxation et en réduisant la fatigue. « C’est un traitement efficace et avec un taux faible d’abandons pour améliorer le bien-être des personnes en phase terminale », résume Sabine Koch. « En termes de réduction des symptômes dépressifs et anxieux, son efficacité est souvent équivalente à celle de la thérapie cognitivo-comportementale. »

Quid de l’ambulatoire?

La musicothérapie fait actuellement partie des approches thérapeutiques éprouvées dans les établissements hospitaliers – notamment pour les troubles anxieux, les dépressions, les dépendances, ou encore les conséquences de la solitude et de l’isolement, a souligné Lutz Neugebauer. En ambulatoire cependant, elle n’est pas remboursée par la sécurité sociale en France, mais au moins partiellement par certaines mutuelles. « Cela doit absolument changer, notamment au regard des groupes vulnérables qui dépendent particulièrement de cette forme de thérapie », estime le spécialiste, qui ajoute qu’en Allemagne (et ce n’est guère mieux en France), « malgré les preuves scientifiques et les expériences pratiques positives, les revendications en faveur d’une reconnaissance de la musicothérapie comme prestation de droit commun en ambulatoire n’ont jusqu’à présent pas été prises en compte par le monde politique. »

En conséquence et à quelques exceptions près, seules les personnes financièrement favorisées peuvent se permettre des séances de musicothérapie. « Un système de santé dont le principe directeur est “l’ambulatoire avant l’hospitalisation” doit garantir l’accès à la musicothérapie en soins ambulatoires pour tous, et permettre sa prise en charge par les caisses d’assurance maladie », estime encore Lutz Neugebauer.

Cet article a été traduit de Medscape.de

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