Laboratoire de Recherche en Musicothérapie Institut de Nantes LabMin

                                                       Département Recherche de l'Institut de Musicothérapie de Nantes

Faisant suite à une longue tradition de recherche clinique en musicothérapie dans la région nantaise, le Laboratoire de Musicothérapie prend forme en 2013, et la direction de recherche est confiée au Professeur Olivier BONNOT, PU-PH, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, CHU de Nantes.

LabMin Laboratoire de Musicothérapie  

Pr. olivier BONNOT

Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

7 quai Moncousu, CHU de Nantes

44093 NANTES CEDEX 1

Emmanuelle CARASCO, Olivier Bonnot,
et Mathilde Chagneau (LabMin), 
 Hervé Platel (Inserm Caen),
lors du Congrès Français de Psychiatrie (2014)

Directeur de recherche

Pr. Olivier BONNOT, CHU de Nantes

Chefs de projet Institut de Musicothérapie 

Emmanuelle CARASCO, musicothérapeute, psychologue clinicienne

Mathilde CHAGNEAU, musicothérapeute, psychogérontogue

Directeur Institut de Musicothérapie de Nantes 

François-Xavier VRAIT

2 études cliniques sont actuellement en cours,

1 - Musicothérapie et autisme,

sous la responsabilité de Emmanuelle CARASCO
2 - Musicothérapie et Alzheimer,
sous la responsabilité de Mathilde CHAGNEAU

Musicothérapeutes-chercheurs
Francine ADAM-BAUMARD
Jérôme CHARTIER
Pierre GENSOUS
Erwan LE DEVEHAT
Pascale SAGAN-BRIGANDAT

Musicothérapeutes associés
Marie-Armelle CORGNE
Agnès DELARBRE
Erwan LE DEVEHAT
Emmanuelle PARIS
Catherine RAULAIS-LEMARIE

Psychologues associés
Aurélie FRABOULET-MEYER, laboratoire Psychomuse, Université Paris Ouest-Nanterre-La défense
Morgane LE BAIL, ADAPEI Nantes
Vanessa BISSON-MALLEUX, CHU de Nantes
Thomas RABEYRON, Professeur de psychologie, Université de Lorraine

Faire un lien pour expliciter la recherche  musicothérapie et Alzheimer :

L’étude de la littérature scientifique offre une situation contrastée, il existe une quantité relativement importante, et ancienne, d’article en sciences humaines et psychanalyse, décrivant souvent un cas et, d’un autre coté une littérature scientifique plus récente évaluant selon les critères méthodologiques classiques l’efficacité de ces techniques. Dans la plupart des cas, les études sont ouvertes, c’est à dire n’incluant pas de groupe témoin. De plus, l’objectif des travaux et de montrer l’apport sur le bien-être et sur les aspects émotionnels de la maladie.

Cependant, ces travaux se basent sur des découvertes faites dans le cadre de recherche en imagerie cérébrale qui montrent l’impact positif de la musique elle-même sur le cerveau du patient (Hsieh, Hornberger et al. 2012). La mémorisation de la musique semble préservée longtemps chez les patients, autant la capacité de mémoriser une mélodie que celle de se souvenir d’anciennes chanson (Vanstone, Cuddy et al. 2009, Basaglia-Pappas, Laterza et al. 2013). Mais surtout, l’écoute musicale, souvent intégré a la musicothérapie dans les articles, a montré une réelle efficacité sur la préservation (parfois seulement la diminution de la dégradation) de la mémoire chez les patients (Simmons-Stern, Budson et al. 2010, Boulay, Benveniste et al. 2011, Simmons-Stern, Deason et al. 2012).


Une récente revue de la littérature conclue que les travaux actuelles en clinique et en neuropsychologie montrent une efficacité notable, bien qu’insuffisamment prouvée, de la musicothérapie dans cette pathologie, principalement pour réduire l’anxiété, les périodes de dépression (durée et sévérité) ou les comportement agressifs (Guetin, Charras et al. 2013). Les capacités de communications sont également améliorées. Les aspects émotionnels jouent un rôle important, et cela est bien connu des musicothérapeutes comme des spécialistes en psychopathologie. Les études plus structurées sur le plan méthodologique comparent la musicothérapie à la lecture (Guetin, Portet et al. 2009, Cooke, Moyle et al. 2010) ou à aucune activité thérapeutique (Svansdottir and Snaedal 2006).

Au total, il nous apparaît qu’il existe un manque d’étude qui répondent aux critères de la recherche internationale (pour une discussion sur ce point voir (Samson, Clement et al. 2015

En nous inspirant de ces travaux mais en proposant une méthodologie qui répondent a leurs faiblesses, nous nous proposons donc d’évaluer l’efficacité de la musicothérapie chez les patients atteins de maladie d’Alzheimer.

Sur le plan pratique, la musicothérapie se pratique par séances d’une heure environ et généralement en groupe de 3 à 4 patients. Ceux ci sont accompagnés des 2 musicothérapeutes ayant bénéficié d’une formation spécifique universitaire[1], associés le plus souvent à un membre de l’équipe, généralement éducateur ou infirmier, qui connaît les patients. Les séances sont hebdomadaires et sur une durée de 9 mois (une année scolaire). La structure de la séance répond à un protocole particulier. Les techniques sont variées mais nous n’utiliserons pour notre travail qu’une seule technique et un protocole précis afin de permettre les comparaisons. Lors de la séances l’écoute de musique, et la production de musique (chant par les participants) se fait en interaction avec le musicothérapeute cette interaction est thérapeutique c’est ce qui explique que la musicothérapie est une psychothérapie. Il est important de distinguer la musicothérapie de l’écoute musicale qui n’implique pas de processus d’interaction avec un thérapeute et donc pas de psychothérapie.

Sujets :

Patients présentant une maladie d’Alzheimer selon les critères du DSM V. Nous envisageons l’inclusion de 50 patients qui seront recrutés dans différentes institutions de la région nantaise et vendéenne.

  • Seront inclus tous les patients Alzheimer âgés de 75 ans et plus ne présentant pas les facteurs d’exclusion ci-dessous. Ayant un score au Mini Mental State de 10 à 23 sur 30.
  • Seront exclus, les patients présentant un trouble sensoriel de type surdité, les patients ayant un traitement qui aurait été modifié depuis moins de trois mois et les patients présentant des troubles du comportement incompatible avec la prise en charge en musicothérapie
    • Des troubles mnésiques en rapport avec
      • d’autres affections du système nerveux central qui peuvent entraîner des déficits progressifs de la mémoire et du fonctionnement cognitif (p. ex., maladie cérébro-vasculaire, maladie de Parkinson, maladie de Huntington, hématome sous-dural, hydrocéphalie à pression normale, tumeur cérébrale).
      • à des affections générales pouvant entraîner une démence (p.ex., hypothyroïdie, carence en vitamine B12 ou en folates, pellagre, hypercalcémie, neurosyphillis, infection par le VIH).
      • à des affections induites par une substance.
  • D’autres pathologies neurologiques, d’organes ou vasculaires ne sont pas un critère d’exclusion si elle n’empêche pas la participation effective au groupe.

Nous ferons signer un consentement de participation aux parents ou tuteurs légaux si nécessaire.


Design expérimental

Une fois sélectionnée, et l’accord obtenu, les patients seront randomisés (randoweb[2] ou équivalent), et répartis en deux groupes.

  1. Un groupe bénéficiant d’une prise en charge en musicothérapie selon un protocole identique (durée, musique, programme) pour chacun des sous groupe de 4 à 5 patients. Rythme d’une séance par semaine pendant 10 semaines.
  2. Un groupe bénéficiant d’’une séance d’écoute musicale de même durée que la séance de musicothérapie et avec une musique identique (même si la séquence musicale peut être différent puisque la séance de musicothérapie inclus des interruption et des chants). Rythme d’une séance par semaine pendant 10 semaines, hors pour chacun des sous groupe de 4 à 5 patients.

Nous proposerons une évaluation clinique à l’aveugle de la sévérité des signes cliniques aux patients avant l’entrée dans le groupe puis un mois après la fin de la prise en charge. Cette évaluation inclura :

  • une échelle globale de fonctionnement (CGI),
  • deux échelles de dépression et d’anxiété (Hamilton Dépression et Hamilton Anxiété),
  • Le Mini Mental State
  • ADAS-cog (Rosen, Mohs et al. 1984) qui comprend 11 épreuves permettant d’évaluer différentes fonctions cognitives telles que la mémoire, le langage, les praxies. Cette échelle est indiquée à chaque fois qu’il est nécessaire d’évaluer la progression ou la détérioration des capacités cognitives.
  • Une échelle mesurant l’évolution des troubles psycho-comportementaux à l’aide de l’inventaire neuropsychiatrique (NPI-ES).

L’hypothèse principale est que la musicothérapie est plus efficace que l’écoute médicale sur les symptômes cognitifs de la maladie d’Alzheimer. Le critère principal d’évaluation sera le MMS et les autres échelles seront les critères secondaires.


Résultats attendus et implications

Nous souhaitons montrer que la prise en charge en musicothérapie est plus efficace que l’écoute musicale « simple » chez les patients présentant une maladie d’Alzheimer sur leurs signes cliniques. L’intérêt est d’apporter des arguments pour ce type de prise en charge et de valoriser le travail psychothérapeutique qui se passe dans l’interaction avec les patients dans le cadre de la séance de soin lorsque celui ci est effectué selon des techniques enseignées, validées et par un musicothérapeute.

Cette étude sera une des rares études mondiales de ce type ce qui pourrait permettre une diffusion dans la littérature scientifiques française et internationale mais aussi auprès du grand publique.

Faisabilité et éléments de contexte

Nous disposons à Nantes d’un Diplôme Universitaire de Musicothérapie qui est le seul en France sous cette forme, l’équipe d’enseignants, eux mêmes impliqués dans la recherche à l’Institut de Musicothérapie que dirige François Xavier Vrait, partie prenante de ce projet. Il est également de la Société Française de Musicothérapie. Les participants à ce projet travaillent au CHU de Nantes qui est leur employeur principal, leur implication dans cette recherche se fait donc dans le cadre de leur travail et de ma mission des CHU de participer à des recherches. Ces coordonnateurs de l’étude sont, en plus de Mr Vrait, Mathilde Chagneau et Thomas Rabeyron, tous les deux psychologues. Mr Rabeyron est par ailleurs Maitre de Conférence à l’Université de Nantes. Le Pr Olivier Bonnot, professeur a l’université de Nantes et chef de service au ChU de Nantes coordonne ce travail sur son temps de recherche universitaire statutaire.


[1] Il existe un Diplôme Universitaire à l’Université de Nantes, dirigé par le Pr Olivier Bonnot et un Master à Paris-Descartes, dirigée par le Pr Edith Lecour. Les musicothérapeutes regroupés au sein de la Fédération Française de Musicothérapie ont signés un Code de Déontologie, précisant le cadre professionnel, éthique et déontologique de leur exercice.


[2] Site WEB géré par la Direction de la Recherche Clinique permettant la répartition aléatoire de patients en deux groupes de façon a éviter la sélection subjective des intervenants (par exemple proposer aux patients les plus sévères un groupe plutôt qu’un autre).Fin du projet d’étude