Professeur Jean Luc VENISSE

DIRECTEUR DU POLE UNIVERSITAITRE D’ADDICTOLOGIE ET DE PSYCHIATRIE (CHU NANTES)

Publié le 31 août 2012 – Mis à jour le 23 octobre 2018

Jean-Pierre met la musique et la vidéo au service des patients de psychiatrie. Partie intégrante de leur thérapie, elles aident à la mise à jour, à l’expression et l’évacuation de souffrances indicibles.

Titulaire d'un diplôme d'infirmier psychiatrique, Jean-Pierre Jagot est aussi multi-instrumentiste et passionné par la musique assistée par ordinateur. Alliant ses deux centres d'intérêt, la musicothérapie est le sujet de son mémoire. Il travaille d'abord à l'hôpital de Blain, tout en suivant des sessions de formation à la musicothérapie, et en participant à un groupe de recherche sur le sujet.

Au CHU de Nantes, l'association de la musique aux soins en psychiatrie s'est structurée sous l'impulsion du Pr Jean-Luc Vénisse. Depuis février 2011, Jean-Pierre occupe officiellement le poste de musicothérapeute, désormais élargi à l'audiovisuel.

Au sein des locaux rénovés du bâtiment Pierre-Janet, Jean-Pierre a pris ses quartiers dans un studio complet flambant neuf, qui permet l'écoute, l'enregistrement, la prise de vues et le traitement du son et de l'image, pour couvrir tous les champs de la musicothérapie. Il s'agit d'utiliser un média (la musique, l'image), pour aider et inciter les personnes à s'exprimer : « Dans les troubles du comportement alimentaire, on peut proposer une musicothérapie réceptive, basée sur une écoute active donnant accès à des émotions réfrénées ou refusées dans ces pathologies liées au déni. Par sessions de vingt minutes, à l'écoute de séquences de musique différentes, on travaille sur les images mentales générées et les sensations ressenties. Cela peut mettre à jour, par exemple, une angoisse non identifiée, à l'origine du trouble alimentaire.»

Dans d'autres pathologies, des ateliers voix, « et non chant », ont pour but de libérer tensions et émotions sans tabous, sans évaluation : « Ces exercices amènent à lâcher des idées noires, des insultes. C'est assez intense ! »

Certains patients participent à des ateliers de création, sous la forme de stages de trois jours durant lesquels, avec le musicothérapeute, ils produisent et enregistrent des sons retravaillés sur ordinateur : « On ne sait pas où on va au départ, mais on y arrive ! Et c'est libérateur et désinhibiteur ». La vidéo est également utilisée, en filmant des séances ou en tournant des images destinées à devenir clips musicaux : «Elle aide à découvrir le moment où ça se libère. Souvent, à l'issue des stages, les patients disent qu'ils ont oublié qu'ils étaient malades. »